mardi 14 mars 2017

Déplaces - séance du 8 mars - Hôtel Pasteur - Anne Morillon

Aujourd’hui, François et moi prenons chacun en charge une partie de la séance avec une même envie : contribuer à raconter une histoire commune à tous les membres du groupe à partir du projet Déplaces. Plus concrètement, il s’agit de créer de la connivence, de l’envie d’être ensemble par-delà ce qui nous distingue et nous sépare.
Pour ma part, j’ai mis en place le jeu d’Omar Zanna "A la lisière de la frontière" pensé pour créer les conditions de l’altérité. Je me lance donc après un temps d’échauffement proposé par François issu de sa pratique de l’art martial Systema. Il permet de se concentrer et de se centrer un instant sur son corps en contractant et décontractant ses muscles, les uns après les autres. C’est vrai que je me suis sentie bien après, disponible et revigorée. Je donne la consigne suivante : je vais vous poser une question et celles/ceux qui y répondent oui se placent d’un côté de la frontière imaginaire que j’ai tracée au sol et celles/ceux qui répondent non, de l’autre côté. La question, après concertation avec François et Fanny, est la suivante : "vous sentez-vous libre ?". On s’est dit que cette question était peut-être un peu sensible pour les jeunes migrant.e.s qui participent aux projets eu égard au contrôle dont ils/elles sont l’objet par l’administration français, mais on s’est vite dit qu’ils/elles ne sauraient être réduit.e.s à des êtres minorisé, dominés. Et là je dois avouer ma surprise : une écrasante majorité des jeunes migrant.e.s sont, sans hésiter, allés se placer du côté du oui, tandis que de l’autre côté de la frontière imaginaire, le groupe est composé à une exception près de femmes majoritairement non migrantes. Oouah. J’aurais pensé que les non-migrant.e.s se sentiraient plus libres que les migrant.e.s… Je demande ensuite à chaque groupe de prendre un petit moment pour échanger sur les raisons qui les ont amenées à répondre oui ou non à la question. Ce qui se dit est en soi très intéressant "Personne ne peut m’empêcher de faire ce que je veux, de penser ce que je veux" pour "les oui" et "je suis conscient.e que les normes sociales, la société, les médias me dictent ma conduite, ma façon de penser et notamment en tant que femme" pour "les non". On est resté bouche bée avec François... Dans un second temps, je leur demande de se rapprocher de la frontière, de déambuler, de tourner autour puis de revenir à leur place puis de refaire cela en fixant le regard d’une personne, en serrant la main, en faisant une accolade à une personne de l’autre groupe. En sollicitant les yeux puis le corps en contact, cet exercice vise, comme l’indique Omar Zanna, à créer tout d’abord une empathie émotionnelle. Puis la consigne suivante est donnée : "j’invite les deux groupes à changer de côté… Celles/ceux qui ont répondu oui à la question tentent d’imaginer les arguments de celles/ceux qui ont répondu non et inversement". Après un petit moment d’échange au sein du groupe, un.e ou plusieurs porte-parole exposent les arguments. Ce qui est intéressant ici c’est que les arguments des un.e.s sont globalement verbalisés par les autres (je rappelle que le premier échange n’a pas été restitué à l’autre groupe).
Mais il faut dire qu’à ce moment-là de l’exercice, c’est un peu la confusion. Il est assez difficile de conclure parce que certain.e.s semblent un peu fatigué.e.s et sans doute impatient.e.s aussi de danser. Ce n’est pas très grave dans la mesure où l’objectif d’enclencher, au sein du groupe, une empathie émotionnelle et cognitive a fonctionné. Et si certain.e.s ont pu exprimer un peu de fatigue, d’autres ont adhéré jusqu’à la fin du jeu et – point intéressant – en redemande. Je solliciterai Omar pour animer un autre de ses jeux "La visite du musée" toujours dans l’idée d’expérimenter, par corps, l’empathie.
Finalement, cet exercice s’inscrit dans la continuité du travail engagé par Julie, Marine et François…. Mettre en jeu les corps pour communiquer. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire